Mes parents se sont mariés peu de temps après le High School, tellement ils étaient amoureux l’un de l’autre. Dès le début de leur relation, ils ont su qu’ils étaient faits l’un pour l’autre et qu’ils ne se quitteraient jamais. Je les admire vraiment… Je n’ai jamais connu ce genre d’amour. Il faut dire aussi que je ne m’en suis jamais vraiment préoccupée.
Mon père est d’origine mexicaine ; mon arrière-arrière-grand-père a décidé de fuir les conditions horribles du Mexique et de se forger une nouvelle vie à San Diego en 1902, sous le président Theodore Roosevelt, qui adoptait une vision progressiste en ce qui concernait les immigrants. La famille de ma mère, quant à elle, a toujours vécu à San Diego, mis à part pour mes grands-parents qui, après des vacances au Royaume-Uni, ont décidé de rester là-bas. Le plus grand rêve de ma mère était de partir rejoindre ses parents un jour dans la campagne londonienne.
Mes parents m’ont eu à 25 ans. Mon père tenait un garage et ma mère était professeure dans le High School où ils avaient fait leurs études. Mon enfance s’est très bien passée ; je n’avais pas spécialement beaucoup d’amis, mais la grande famille compensait largement pour ça. J’étais une enfant assez turbulente, plutôt dispersée et qui avait la tête à mille endroits en même temps. J’étais incapable de rester en place trop longtemps, et c’est quelque chose qui est resté avec moi durant toute mon adolescence. Malgré ça, j’avais des bons résultats à l’école, enfin… uniquement dans les matières qui m’intéressaient et qui m’apportaient toujours quelque chose de neuf ou du défi. C’est vers mes sept ans que les choses ont commencé à se compliquer un peu… J’avais toujours peu d’amis, n’arrivant pas vraiment à m’intégrer. J’étais souvent dans la lune et la plupart de mes camarades ne m’adressaient soit pas du tout la parole, soit me lançaient d’étranges réflexions que je n’étais pas en âge de comprendre, et eux non plus, d’ailleurs. C’est bien connu que les enfants sont méchants entre eux ; ils n’ont pas conscience de leurs actes ou de leurs paroles. J’étais donc la cible de harcèlement de la part de quelques personnes, même si bien sûr, à l’époque je ne savais pas ce qu’étais le harcèlement. Je croyais juste que c’était normal et je n’en ai pas franchement parlé à mes parents. Un jour en classe, après m’être fait poussée pendant toute la récréation, un garçon m’a dit des choses (que maintenant je trouve stupide et je ne m’énerverais pas pour si peu, mais à l’époque, ça a vraiment fait mal) comme le fait que je n’aurais jamais d’avenir si j’étais toujours dans la lune et que c’était pas étonnant que personne voulait être ami avec moi si je préférais la compagnie de livres plutôt que celle d’autres enfants. Bon, il l’a dit de manière plus méchante que ça, hein. Et c’est là que mes pouvoirs ont commencé à se développer. La trousse du garçon a volé dans toute la salle de classe pour venir s’écraser de nouveau à ses pieds. Les plus rationnels de la classe parlaient d’un simple coup de vent tandis que d’autres mentionnaient un poltergeist, un fantôme ou de je ne sais qu’elle légende urbaine mais moi, j’étais convaincue que j’étais la responsable, tant j’avais été hors de moi. Le harcèlement ne s’est jamais vraiment améliorer, mais j’ai appris petit à petit soit à me défendre verbalement, soit à tout simplement ignorer et passer outre.
Mes parents sont ce que l’on appelle des No-Majs. Et moi, j’étais manifestement une sorcière. C’est en tout cas ce qu’est venu nous dire le professeur de l’école de magie des Etats-Unis, Ilvermorny, lorsqu’il m’a remis une offre de rejoindre cette école pour apprendre à contrôler mes pouvoirs à l’âge de onze ans. Comprenant enfin toutes les choses étranges qui se passaient autour de moi lorsque j’étais en colère ou triste, j’étais plus que ravie d’intégrer une école où je trouverais des personnes comme moi, et surtout, j’étais soulagée d’enfin savoir ce que j’étais. Alors, quelques mois plus tard, lorsque je me tins devant les quatre grandes statues des Maison, ce fut celle de Wampus qui se retourna pour me choisir. On dit que c’est la Maison qui représente le corps du sorcier ou de la sorcière, ou bien encore que c’est la Maison des Guerriers. Moi, ça me convenait parfaitement. On nous amena ensuite dans une pièce où se trouvaient uniquement des baguettes… Des centaines et des centaines de baguettes. Mon choix se posa - ou plutôt le choix de la baguette se posa sur moi - sur une de 25 centimètres en bois de cèdre et au cœur fait de ventricule de dragon. Dès que je l’eus en main, je me sentis connectée à elle.
Ilvermorny était vraiment le plus bel endroit où j’étais allée depuis ma naissance. Les gens, là-bas, étaient vraiment gentils et bien plus tolérants que la moyenne américaine (même s’il y avait des abrutis, comme partout). Certes, l’école se situait à l’autre bout du pays et je ne voyais mes parents que très rarement. Mais là-bas, au moins, je me fis des amis, des vrais amis, depuis… Eh bien, depuis toujours, en fait. Tous les cours étaient passionnants et je développais bien vite un don pour la Défense Contre les Forces du Mal et les duels. J’aimais bien les cours de vol même si je n’avais pas d’aptitude particulière mais, en revanche, les cours que j’aimais beaucoup moins étaient la Botanique et les Potions. J’appréciais la Métamorphose, même si je n’étais pas très douée. En troisième année, je choisis comme options l’Etude des Non-Majs et le Soin aux Créatures Magiques. Bon, la première option, c’était carrément de la facilité, mais il fallait bien tirer avantage de mes origines, non ?
Vous vous souvenez de ma mère qui voulait rejoindre mes grands-parents en Angleterre ? Elle a eu la chance d’employée dans un College londonien après avoir évidemment prouvé qu’elle avait les qualifications et les aptitudes nécessaires, et voilà que nous déménagions en 1995 dans la campagne à côté de cette ville, à Leatherhead, et mon père a pu être employé dans un garage dans la petite ville. C’est donc mon oncle, le frère de mon père, qui a hérité du garage à San Diego. En ce qui me concernait, je n’étais d’abord pas bien heureuse de quitter mes amis, le peu que j’avais réussi à me faire en tout cas, mais je suivis tout de même mes parents. Bon déjà, parce que j’étais mineure et puis quand bien même mes grands-parents paternels auraient pu m’accueillir, j’étais bien trop attachée à eux pour les laisser partir dans un autre pays et ne plus les voir pendant un temps indéterminé.
Ce fut le professeur McGonagall qui prit en charge mon dossier lorsque j’arrivais en Angleterre et elle m’expliqua comment entrer sur le Chemin de Traverse, le fonctionnement de la gare de King’s Cross… En vérité, tout ce qu’il fallait savoir sur le monde magique britannique. Je fus donc répartie dans la Maison Gryffondor, quoi que cela veuille dire, puisque je n’avais pour l’instant qu’une connaissance très limitée des Maisons et de leurs représentations. Ce que j’en comprenais néanmoins, c’est que c’était l’équivalent de ma maison d’Ilvermorny. Ainsi, je démarrais ma quatrième année, anxieuse comme jamais, car j’étais dans un pays encore relativement inconnu avec des personnes qui se connaissaient déjà depuis quatre ans. J’étais la petite nouvelle et je ne vivais pas vraiment bien la situation… Néanmoins, je rencontrais un certain Colin Creevey et une certaine Tracie Everson dans le train menant à l’école et je fus surpris de leur si agréable accueil. Moi qui pensais avoir des problèmes pour m’intégrer, finalement, cela s’avérait plus facile que ce que je croyais ! Colin et Tracie étant dans la même année que moi, je trainais souvent avec eux. Le blond me faisait beaucoup rire, et Tracie était l’une des filles de mon dortoir, donc on s’aidait souvent pour les devoirs le soir.
Je remarquais pourtant bien vite que cette année n’était peut-être pas la meilleure pour faire une rentrée à Poudlard, et cela fut rapidement confirmé par Tracie. Une employée du Ministère de la Magie, proche du Ministre en personne d’ailleurs, avait été embauchée comme professeur de Défense Contre les Forces du Mal et pour tout dire… On n'apprenait rien. Moi qui adorais cette matière à Ilvermorny, elle réussit presque l’exploit de me dégoûter en trois heures de cours. De plus, cette femme devint bientôt Grande Inquisitrice, faisant appliquer des règles plus ridicules les unes que les autres, et si à la rentrée une bonne humeur générale régnait, cela fut vite remplacé par de l’anxiété et de la crainte.
Plus tard dans l’année, vers mi-octobre, Colin me mit discrètement au courant d’une réunion de plusieurs élèves souhaitant apprendre convenablement les Défenses Contre les Forces du Mal et les duels, mené par Harry Potter, que je ne côtoyais jamais. Bien sûr, j’avais rapidement entendu parler du Survivant et de son combat contre un certain Seigneur des Ténèbres, mais cette histoire n’ayant pas dépassé le Royaume-Uni, j’apprenais tout ça à Poudlard. Je suis donc allée à la réunion par simple curiosité et me pris bien vite au jeu, signant même mon nom comme membre officiel de l’Armée de Dumbledore. L’année suivit son cours tranquillement et je devins de plus en plus amie avec les membres de l’A.D. Cependant, au milieu du mois d’avril, tout sembla s’écrouler lorsque Marietta Edgecombe nous dénonça à Ombrage. L’organisation était terminée mais chacun garda précieusement son Gallion par lequel les leaders de la bande nous communiquaient les prochains rendez-vous. Etrangement, rien ne nous arriva, aucune punition, rien, car Dumbledore prit toute la responsabilité sur lui avant de s’évaporer sans laisser de trace, sûrement pour échapper à Azkaban.
Le retour officiel de Voldemort fut confirmé dans la presse et par nos amis lorsqu’ils revinrent d’une bataille au Ministère de la Magie, où ils étaient allés afin de sauver Sirius Black, le parrain d'Harry Potter. Ce dernier qui était apparemment accusé de crimes abominables fut innocenté par le Ministère et un climat d’insécurité se propagea dans tout le pays. Je me renseignais davantage auprès de mes amis et dans les livres d’histoire sur ce Voldemort dont tout le monde semblait si effrayé de prononcer le nom et j’en découvrais les raisons. Soudainement, j’étais très effrayée pour moi et mes parents. La cruauté de ce mage noir et de ses partisans envers les Nés-Moldus et Moldus tout court n’était plus un secret pour personne et je me demandais de plus en plus au cours de l’été s’il ne valait pas mieux que mes parents et moi ne retournions aux Etats-Unis…
Je fis tout de même ma rentrée à Poudlard au 1er septembre avec mes amis. Cette année était celle des BUSES, ce qui signifiait triple ratio de travail et d’apprentissage, mais également une réunion avec le professeur McGonagall pour décider des matières qu’il faudrait prendre l’année d’après pour envisager nos carrières. Honnêtement, je n’avais pas la moindre idée de ce que je voulais faire. J’étais douée pour les duels et plus ou moins pour le vol sur balais, mais sinon, mais talents laissaient à désirer. Moi qui rêvais d’aventures et qui ne tenais pas en place, je ne me voyais pas rester derrière un bureau toute la journée, mais je ne pouvais pas travailler en tant que Briseuse de sortilèges pour le compte de Gringotts puisque je n’avais pas pris Arithmancie en option. Peut-être faire quelque chose avec les Moldus ? Mais dans le climat présent au Royaume-Uni, avec les enlèvements, les disparitions inquiétantes, était-ce vraiment une bonne solution ?
Le 30 juin 1997 est un jour à marquer d’une pierre noire dans l’histoire de Poudlard. On ne sait trop comment, des Mangemorts ont réussi à s’introduire dans l’enceinte de l’école et à tuer Dumbledore. Dès lors, je savais qu’il fallait que je fasse quelque chose. L’ancien directeur de Poudlard étant connu pour être la seule personne que craignait Voldemort, une nouvelle guerre allait forcément éclater, et ce, bien plus vite que prévu. En rentrant chez mes parents au début de l’été, je les renvoyais aux Etats-Unis, allant jusqu’à leur mentir en leur disant que à cause de la Trace, sortilège de traçage qu’ont tous les sorciers mineurs et qu’ils perdent automatiquement à leurs 17 ans, ils se feraient repérer en ma compagnie et seraient tués par les Mangemorts. Je pensais d’abord à leur sécurité à eux, je ne voulais pas qu’il leur arrive quoi que ce soit. Malheureusement, ils ne plièrent pas bagages comme je m’y attendais. Et, honnêtement, je ne me voyais pas les Oublietter… Si un jour, cette guerre se terminait, je voulais retrouver mes parents. Alors j’ai fugué. Je sais, ce n’est pas cool du tout, mais je leur ai laissé une note explicative avec l’instruction de la brûler immédiatement après ça. J’ai pris de l’argent, là encore, pas cool du tout, mais j’en avais besoin pour survivre, d’autant plus que les premiers mois, la Trace m’empêcha de pratiquer la moindre magie. Je côtoyais principalement les auberges de jeunesse et les campings mais je changeais d’endroit tout le temps, essayant d’éviter les grandes villes au maximum et le monde magique encore plus. C’est drôle, mais au bout d’un moment, on s’habitue à vivre ainsi, à être toujours sur ses gardes et à compter son argent. Certes, c’est loin d’être une vie très rigolote et pleine de joie… Mais on s’y habitue… C’était surtout l’absence de mes parents et de mes amis qui était le plus dur à gérer, et le fait de ne pas avoir de nouvelles… d’absolument personne. J’ai bien cru devenir folle à plusieurs reprises. La solitude fait vraiment de drôles de choses à l’esprit et le fait de sans cesse regarder au-dessus de mon épaule pour voir si je n’étais pas poursuivie développait ma paranoïa. Lors de mes dix-sept ans, le lendemain de mon anniversaire, en fait, je retournais à Leatherhead discrètement pour pouvoir appliquer des sortilèges de protection autour de la maison de mes parents, et de vérifier également si tout allait bien pour eux. Ils ne s’étaient pas fait attaquer et le quartier faisait partie de ceux épargnés par les Mangemorts, à mon plus grand soulagement.
Je tombais un beau jour, et à mon plus grand bonheur, d’ailleurs, sur Dean Thomas, un de mes camarades de Poudlard d’un an plus âgé que moi, qui voyageais en compagnie de Ted Tonks et d’un Gobelin. Dès lors, je restais avec eux et je passais quelques semaines en leur compagnie. Mais un jour, des Raffleurs nous attaquèrent et j’en réchappais de justesse, chacun allant dans une direction opposée. Je parvins à me cacher grâce à des sorts de protection et je me fis discrète pendant la semaine qui suivit. Ce fut le 11 avril 1998 où tout bascula pour moi. Je voyageais de nuit, comme à mon habitude, en fait, au beau milieu de la campagne, quand je vis une silhouette qui ressemblait énormément à un loup. La silhouette fondit sur moi et la prochaine chose que je ressenti, autre la peur qui m’avait paralysée sur place, était une morsure à mon épaule. Parvenant à me libérer du loup, je transplanais ailleurs, tétanisée par la simple pensée que je venais de me faire attaquer par un loup-garou.
Je passais les quelques jours qui suivirent dans une sorte de brouillard mental, me demandant ce qui allait m’arriver et comment j’allais bien pouvoir gérer toute seule. J’avais étudié les loups-garous lors de ma scolarité et je connaissais la théorie. Je savais également qu’il existait une potion mais particulièrement difficile à réaliser et les ingrédients coûtaient, de toute manière, trop cher pour mes maigres moyens. Je n’étais clairement plus moi-même, ne prenant même plus la peine de bouger de ma nouvelle position. « Est-ce que je ne ferais pas mieux de me laisser mourir ? » C’était la question que je me répétais sans cesse. Je ne pouvais pas recontacter mes parents… J’allais forcément les mettre en danger.
Je fus avertie d’une bataille à Poudlard grâce au Gallion de l’A.D. que je n’avais jamais quitté. Prise d’une poussée d’adrénaline, je réussis à me lever et à transplaner jusqu’à Pré-au-Lard, me jetant ensuite dans la bataille corps et âme. Si l’on gagnait, je pourrais demander de l’aide aux professeurs quant à ma nouvelle condition, et si on échouait et que je me faisais tuer dans la bataille, je n’aurais plus jamais à préoccuper de rien. J’affrontais plusieurs Mangemorts, toujours en groupe avec certains de mes amis que je retrouvais presque les larmes aux yeux, quelques Détraqueurs bien que j’aie beaucoup de mal à faire apparaître mon Patronus compte tenu des récents évènements, et quelques Acromentules géantes. Je. Déteste. Les. Araignées. Vraiment.
Finalement, notre camp fut victorieux malgré les lourdes pertes. Mais alors que je me dirigeais vers le professeur McGonagall pour lui demander son aide, une sorte de mal de crâne me prit immédiatement et je réapparus exactement au même endroit… sauf que mes connaissances avaient disparu et d’autres personnes, que je ne connaissais absolument pas, avaient fait surface. Je ne comprenais absolument pas ce qu’il se passait, mais je savais une chose : il fallait tout de même que je demande de l’aide.